Histoire originale : Chao Wang d'après son roman
Synopsis :
Anyang, une ville moyenne de la province chinoise du Henan.Yu Dagang, un ouvrier quadragénaire se retrouve brusquement au chômage et sans ressources. Un soir, il découvre en pleine rue un couffin dans lequel repose un nouveau-né abandonné par sa mère. Celle-ci, Feng Yanli, une prostituée originaire de Mandchourie, s'engage à verser la somme de 200 yuans tous les mois à celui qui acceptera de prendre soin de son bébé…
Critique :
Par Yannick Vely
L’Orphelin d’Anyang est un film humain, sensible, magnifique, un petit chef d’œuvre. Ce remarquable premier film signé Wang Chao, ancien assistant de Chen Kaige, s’inscrit dans la veine du cinéma chinois réaliste. Composé de longs plans séquences dénués ou presque d’action pour mieux saisir la vérité des êtres, L’Orphelin d’Anyang recompose une sainte trinité improbable : l’ouvrier au chômage, la prostituée et son bébé. Trois rejetés de la nouvelle société chinoise à l’avenir impossible.
Wang Chao installe avec habileté la plus belle histoire d’amour de l’année. Pas de rebondissements idiots, pas de jeux du hasard, pas de grandes déclarations fiévreuses. Juste un amour impossible, tacite et interdit. Par le silence et la quiétude de la mise en scène, chaque regard devient une invitation, chaque soupir, une lutte intérieure. Après l’amour, Dagang et Feng Yanli regardent le plafond, le bébé installé entre eux deux. Portrait d’une famille qui ne peut survivre en l’état. Les deux amants jouent à être un couple normal, font un tour de fête foraine bras dessus bras dessous pour oublier les difficultés financières, les passes de Feng Yanli pour subvenir aux besoins de l’enfant. Ils osent vivre leur amour malgré tout.
A cette mécanique sentimentale, ce couple qui se créé, s’ajoute le grain de sable : un parrain de la mafia atteint d’une maladie incurable. Il est le père de l’enfant et veut avant de mourir s’occuper de ce bébé qu’il a violemment rejeté. Une compassion fatale au couple formé dans l’urgence, né d’un instinct de survie. Mais Wang Chao évite le dénouement lacrymal, marque le cœur et l’esprit. Il offre au spectateur une fin ouverte, un peu de lumière dans un film très noir.
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